La chirurgie de la cataracte
Qu’est ce qu’une cataracte ?
La cataracte est une opacification du cristallin qui entraîne une baisse de la vision qui ne peut pas être corrigée par des lunettes. Le processus de cataracte est d’installation lente et progressive au fil du temps. La cataracte se manifeste le plus souvent par une sensation de brouillard et une modification de la vision des couleurs (aspect terne ou grisâtre des objets). Il peut s’y ajouter des phénomènes d’éblouissement lors du passage de la lumière à l’obscurité, ou la présence de halos autour d’objets lumineux. Plus rarement les objets peuvent être vus dédoublés avec l’œil qui présente la cataracte.
Le plus souvent l’opacification du cristallin est due à l’âge : 10% des personnes de moins de 65 ans en sont atteintes, 30% entre 65 et 75 ans, 50% entre 75 et 85 ans et plus de 70% après 85 ans. La cause de l’opacification du cristallin n’est pas connue mais des facteurs favorisants ont été décrits notamment le tabac.
La cataracte peut toucher des personnes jeunes notamment dans le cadre des traumatismes, de la forte myopie, de la prise de certains médicaments, du diabète et des uvéites. Il existe même des formes congénitales avec une cataracte présente dès la naissance.
Quel est le traitement d’une cataracte ?
La chirurgie est le seul moyen d’améliorer la vision. L’intervention consiste à retirer le contenu du cristallin opacifié à travers de petites incisions et à introduire un cristallin artificiel également appelé implant. La fonction de cette lentille intra-oculaire est de remplacer le rôle du cristallin qui permet de focaliser l’image sur la rétine.
La technique utilisée est la phaco-émulsification. Il s’agit d’une procédure très perfectionnée qui permet d’aspirer le contenu opacifié du cristallin à l’aide d’une sonde très fine (2,2 mm) vibrant à une fréquence ultrasonique. Seule la capsule transparente du cristallin est laissée en place (sac cristallinien). C’est dans ce sac qu’est introduit l’implant synthétique et transparent. En fin d’intervention, l’incision est le plus souvent auto-étanche mais parfois un point de suture peut être nécessaire.
Comment se passe l’intervention ?
La chirurgie de la cataracte se déroule en ambulatoire ce qui signifie que le patient rentre chez lui après l’intervention après accord du chirurgien. L’horaire d’arrivée à la clinique est indiqué au patient par téléphone quelques jours avant.
L’intervention se déroule sous anesthésie locale dite topique par instillation de collyre anesthésiant. Très rarement une anesthésie péri-bulbaire par injection du produit anesthésique autour de l’œil ou une anesthésie générale peuvent être réalisées.
La chirurgie se déroule au bloc opératoire sous microscope opératoire, le patient étant allongé sur la table d’intervention. L’opération est non douloureuse. La durée moyenne du geste opératoire est de 10 à 20 minutes.
A la fin de l’intervention un pansement protecteur par une coque transparente en plastique est mis devant l’œil opéré.
Le patient est surveillé quelques heures puis sort de la clinique après accord du chirurgien.
Un examen appelé biométrie doit être effectué avant l’intervention pour calculer à l’avance la puissance de l’implant nécessaire. Bien que très fiable, il peut arriver que le résultat du calcul ne soit pas aussi exact que souhaité.
Il existe plusieurs types de lentilles pour corriger la vision.
La lentille monofocale est le choix classique qui permet d’obtenir le plus souvent après l’opération une vision de loin sans lunettes. La presbytie n’est pas corrigée, il sera donc nécessaire de porter des verres correcteurs en vision de près. Parfois, les patients préfèrent lire de près sans lunettes et dans ce cas un port de verres correcteurs sera nécessaire pour la vision de loin.
Les implants progressifs multifocaux sont une alternative récente disponible maintenant depuis plusieurs années et qui permettent de corriger la presbytie et de s’affranchir du port de lunettes dans un grand nombre de situations de la vie quotidienne. La contrainte de ces implants est que tous les patients n’y sont pas éligibles car il faut un œil sans autre pathologie. Par ailleurs ces implants ont un sur-coût qui n’est pas pris en charge par la sécurité sociale.
Les implants qu’ils soient unifocaux ou multifocaux peuvent être toriques, c’est-à-dire compenser un éventuel astigmatisme cornéen. Là encore, ces implants toriques ont un sur-coût qui n’est pas pris en charge par la sécurité sociale.
La vision est imparfaite dans les suites opératoires immédiates de la chirurgie et celle-ci va s’améliorer au fur et à mesure.
La prescription des nouvelles lunettes est effectuée à la quatrième semaine post-opératoire.
Le patient rentre chez lui avec l’ordonnance post-opératoire de collyres. Le compte-rendu opératoire est remis par votre chirurgien lors de la visite de contrôle.
Les suites opératoires ne sont pas douloureuses. Il n’est pas rare de ressentir une sensation de grain de sable dans l’œil opéré. Ceci est un phénomène tout à fait habituel et normal qui disparaît au bout de quelques semaines.
En revanche, vous devez absolument alerter votre chirurgien en cas d’apparition brutale de douleur .
La nuit, la protection de l’œil par une coque est souhaitable pendant 1 semaine. La journée, il n’est pas nécessaire de porter une protection. Par contre, il est impératif d’éviter les milieux sales et poussiéreux. Il est également souhaitable de ne pas aller en piscine pendant les 3 semaines qui suivent la chirurgie.
Vous serez revu en consultation par votre chirurgien à une semaine de l’intervention puis à 1 mois post-opératoire de la chirurgie de la cataracte.
Tout geste chirurgical comporte des risques et des complications possibles.
Ces complications demeurent très rares :
La rupture de la capsule du cristallin (< 5% des cas) peut être responsable d’un déplacement de fragments cristalliniens dans le corps vitré imposant des mesures adaptées : vitrectomie et mise en place de l’implant devant le sac.
Le risque de décollement de rétine est estimé à 1% . Il se manifeste par un voile dans le champ visuel. Une prise en charge en urgence avec nouvelle intervention est nécessaire. En cas d’échec de réapplication de la rétine, la perte de vision est possible.
Le risque d’infection oculaire appelée endophtalmie est encore plus faible : 1 à 2 cas pour mille, mais présent malgré toutes les précautions d’asepsie au bloc opératoire. Elle se manifeste pour une douleur anormale et/ou une baisse de vision. Une prise en charge en urgence avec hospitalisation pour traitement antibiotique est nécessaire. Le traitement en urgence permet le plus souvent la guérison mais une baisse de vision est cependant possible.
D’autres complications telles que l’inflammation, l’œdème maculaire ou l’hypertension oculaire sont possibles et leurs traitements donnent de bons résultats.
Un effet secondaire fréquent est l’apparition d’une cataracte secondaire au bout de quelques mois ou années qui se traduit par une baisse de vision progressive. Il s’agit de l’opacification du sac dans lequel est introduit l’implant. Son traitement consiste en l’ouverture du sac opacifié à l’aide d’un laser YAG. Il s’agit d’une procédure non douloureuse qui se fait au cabinet et qui dure une minute. Elle permet une récupération définitive et immédiate de l’acuité visuelle.
En conclusion, la cataracte est une pathologie liée le plus souvent à l’âge et dont le traitement est chirurgical. L’intervention donne d’excellents résultats sous réserve qu’il n’y ait pas une pathologie intercurrente dans l’œil.